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Besoin de cicatrices
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Besoin de cicatrices

Lorsque j’étais enfant, il m’est arrivé plus d’une fois de m’écorcher le genou en tombant dans la cour de mon ami. Je me souviens particulièrement d’une fois où la blessure était vraiment profonde et saignait beaucoup. J’étais allé voir ma mère en pleurant. Qu’a-t-elle fait? Sans aucune panique, elle a rincé la plaie, l’a badigeonnée avec du mercurochrome, mis un diachylon dessus et elle m’a dit le traditionnel « becquer bobo! ». Et je suis retourné jouer dehors. J’en porte encore la cicatrice.

Les prudes à l’extrême penseront sûrement que j’exagère, mais je suis persuadé que chacun de nous a besoin de cicatrices physiques et émotionnelles pour prendre de la maturité et devenir un être humain équilibré. C’est en se blessant, dans tous les sens du terme, que l’humain prépare ses défenses. C’est le principe du vaccin : on injecte un virus à petites doses dans le corps et celui-ci prépare des anticorps pour se défendre dans le futur. C’est la même chose pour les émotions. La peur, le doute et la peine sont essentiels à notre évolution. L’être humain a besoin d’acquérir ses moyens de défense.

Lorsque les parents surprotègent leurs enfants, sans le vouloir, ils leur font autant de tort que de bien en les empêchant de se préparer aux coups durs que la vie va leur faire encaisser. Je sais, vous êtes en train de vous dire : « Il est bien négatif, tout d’un coup ». Je suis très conscient que la vie est composée de hauts et de bas, c’est juste qu’il ne faut pas demeurer dans les bas.

Il y a quelques semaines, lors d’une rencontre fortuite dans un magasin, un jeune père de famille (un ami d’enfance de mes enfants) m’a raconté avec plaisir que son fils d’un an commence à avoir des bleus partout parce qu’il apprend à marcher. Il m’a dit avec fierté : « C’est drôle de le voir aller, il se lève les deux bras dans les airs et il se met à marcher comme un gars ivre et paf, il s’écrase sur le plancher ». Lui, il en riait, alors que sa conjointe était apeurée de la situation. « J’ai assez peur qu’il se fasse mal », disait-elle. Et lui de rétorquer : « Ce n’est pas grave, il va apprendre ! »

Quelle belle leçon ! Il va apprendre. Si la vie avait voulu que nous ne nous fassions pas mal, elle n’aurait pas inventé les “bleus” et le phénomène de cicatrisation. Nous commencerions à marcher tout d’un coup sans tomber. Mais, ce n’est pas le cas, nous devons tomber et nous relever, c’est un processus naturel.

Si vous êtes parents, votre rôle n’est pas d’empêcher vos enfants de se faire mal (mentalement et physiquement), mais de les aider à panser leurs blessures lorsqu’ils en ont. C’est le fameux : « Becquer bobo ».

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