Entrevue avec François William Croteau : S’adapter
Pour cette nouvelle entrevue, Guy Bourgeois, conférencier, formateur, motivateur et Président de Formax, reçoit M. François William Croteau, conférencier chez Formax, pour parler de son livre intitulé S’adapter.
ENTREVUE
Bonjour à vous tous, chers abonnés ! Aujourd’hui, nous accueillons François William Croteau. Ancien maire de l’arrondissement Rosemont-La-Petite-Patrie, PDG de l’Institut de la résilience et de l’innovation urbaine, chroniqueur au journal Le Devoir, professeur associé au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQAM, et je passe par-dessus toutes les maîtrises, doctorats, diplômes, etc.
Dans ton livre récemment publié, tu dis, en parlant du réchauffement climatique : « Nombreux sont ceux qui croient encore à la possibilité de maîtriser les choses d’ici la fin du siècle, du moins jusqu’à un certain degré. D’autres, plus réalistes, pensent plutôt à s’adapter. » Et le livre s’intitule *S’adapter*. Alors, François William, aide-nous à nous adapter ! Qu’est-ce que tu veux nous partager là-dedans ?
Mon livre est une synthèse de mes douze années en politique active. J’ai eu la chance et l’honneur de pouvoir représenter des citoyens. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui ont cette chance. Moi, je l’ai pris comme un cadeau et je l’ai traité avec minutie et attention.
C’est une synthèse, oui, de mes douze années, mais surtout une réflexion sur le futur à partir de mes connaissances, des recherches que j’ai faites et qui me permettent aujourd’hui de proposer une sorte de guide de survie sur comment nous préparer à une crise climatique qui va être permanente pour le prochain siècle et qu’est-ce qu’il faut faire.
Selon moi, il faut faire comme les autres espèces. Les autres espèces s’adaptent à cette nouvelle réalité et elles survivent. Nous, en tant qu’êtres humains, avons tendance à vouloir combattre les éléments comme si nous allions toujours gagner contre la nature. En ce moment, la nature nous rappelle que nous ne vaincrons pas et donc que nous devrons inévitablement nous adapter. Naturellement, qui dit adaptation, dit changer nos habitudes, changer notre mode de vie, la culture, les normes en général. Tout le monde sait qu’en termes d’organisation, un changement culturel est toujours quelque chose de difficile.
Mon livre est une vulgarisation grand public de comment nous pouvons le faire au sein d’une municipalité, mais cela s’applique à toutes les organisations en général.
Oui, absolument ! D’ailleurs, tu en parles dans tes conférences, mais d’après toi, tu dis dans ton livre que la nature humaine étant ce qu’elle est, elle a du mal à s’adapter aux changements. Elle ne veut pas perdre son confort et ses bonnes habitudes. Qu’est-ce qui peut être le plus difficile pour nous à changer dans les prochaines années, dans les prochains mois et même maintenant ?
Le pire, c’est le quotidien. Le quotidien, c’est chaque matin, quand on se lève, tout le monde a ses petites habitudes, que ce soit de se lever, se faire un café, lire le journal, prendre son iPad, regarder les nouvelles, partir avec le même mode de transport, de mobilité pour aller au boulot ou travailler de la maison, et cetera, et cetera. Chacune de ces habitudes du quotidien est enracinée profondément en nous, mais est directement liée à des impacts que l’on crée dans nos activités.
Donc, si on veut changer, c’est sûr que ça va avoir un impact sur une activité ou une autre de notre quotidien. Et ça, c’est bouleversant parce que ça veut dire qu’on n’a plus les mêmes habitudes. Il n’y a rien de plus déstabilisant pour quiconque de devoir changer ses habitudes quotidiennes. On aime avoir un certain confort, surtout dans une vie où, aujourd’hui, tout va vite, tout est compliqué, la crise climatique, la pandémie, etc. À certains moments, les êtres humains sont stressés et ils se cherchent un petit réconfort, à avoir au moins une petite partie de leur vie qui est réconfortante et qui leur fait du bien.
Et même dans ton petit réconfort qu’il te reste, on va quand même te déstabiliser. C’est sûr que c’est difficile. Donc, il faut prendre conscience qu’il faut le faire avec les gens. Il faut accompagner les gens, il faut être réaliste face à nos limites en tant qu’êtres humains, autant individuellement que collectivement. Et c’est ça qui, pour moi, est le plus difficile parce qu’on pourrait parler de plein, plein de choses. Mais pour moi, c’est la vie au quotidien. On ne s’en rend pas compte, mais nous avons tous une routine qui nous réconforte.
C’est sûr, mais comment peut-on embarquer des gens ? Ça fait quand même 30 ans qu’on parle du réchauffement climatique. C’est sûr que ces dernières années, on le voit concrètement avec l’automne qui se déplace, les feuilles qui deviennent moins rouges parce qu’il fait plus chaud, etc. Alors, on en est vraiment plus conscients. Mais, on en parle depuis 30 ans ! Qu’est-ce qu’on peut dire de plus pour que les gens changent ? Quand un médecin nous dit qu’il faut arrêter de fumer sinon on va développer une maladie pulmonaire. C’est comme si on agit seulement une fois rendus à l’extrême. Est-ce la même chose pour le réchauffement climatique ?
Oui et non. Souvent même, les gens qui reçoivent un diagnostic se disent “Tant qu’à être rendus là, je vais continuer.”
Mourir de ça ou mourir d’autre chose ! (rires)
C’est ça ! Je pense qu’avec la crise climatique, il y a ça aussi pour certaines personnes. Parce que justement, on est rentrés profondément dans une culture occidentale, qui fait en sorte que notre mode de vie est directement lié à la consommation, au profit, à l’expansion… et c’est correct ! Je pense qu’il y a moyen de trouver un juste milieu.
Et là, moi ce que je trouve le plus difficile aujourd’hui, c’est qu’on est dans une polarisation excessive de ces opinions-là. Et trouver sa zone de gris est aussi quelque chose de difficile. Moi, j’aime ça le gris ! J’aime ça pouvoir m’inspirer de tout ce qui vient pour tenter justement de trouver une voie de passage qui est collective. Je valorise beaucoup l’action collective. Je pense qu’ensemble, les individus, on est plus forts.
Dans le quotidien, c’est en rassemblant les talents de chaque individu qu’on se permet d’avancer beaucoup plus loin comme collectivité. Moi, j’ai parfois vu des projets où on pensait qu’on allait foncer dans le mur complètement. Mais quand on a une approche qui, justement, mobilise une collectivité, qu’on mobilise les parties d’une organisation, qu’on leur permet de transiger entre elles, de négocier les voies de partage, les compromis, souvent ce sont même les personnes les plus opposées à la proposition qui apportent les solutions les plus constructives et qui permettent d’aller plus loin. C’est fascinant !
On se rend compte que parfois, l’opposition des uns et des autres est appuyée par des petits détails ou encore par des incompréhensions ou des malentendus qui, une fois mis sur la table, nous permettent d’avancer plus vite. Et c’est là qu’il faut essayer de se sortir de cette espèce de dichotomie qu’on vit aujourd’hui pour se dire “travaillons donc ensemble” ! On va s’asseoir, on va se retrousser les manches, puis on va se salir un peu les mains, puis on va se mettre à l’ouvrage. C’est parfois bien simple à expliquer, mais dans un monde, comme je disais, hyper complexe avec chaque besoin individuel, c’est difficile de changer ça.
Chacun a ses intérêts, chacun a ses habitudes. “Ok, je peux aller travailler à vélo, mais je veux faire un voyage ou deux en avion”. Bref, l’humain étant ce qu’il est… Mais en même temps l’humain c’est la plus belle affaire qu’il n’y a pas.
Et pour terminer sur une note positive, tu l’as dit d’entrée de jeu, l’être humain a toujours été capable de s’adapter. Les espèces vivantes le font, les espèces aquatiques le font, la faune le fait. Alors, on va assurément être capable de s’adapter, tu as raison, en se parlant et en partageant des idées innovantes.
On espère que les messages que tu diffuses, autant par ton livre *S’adapter* que par les conférences que tu fais avec nous, pourront permettre de semer une petite graine de positif dans l’esprit des gens.
J’espère bien ! C’est pour ça que je fais ça.
François William, je te souhaite beaucoup de succès dans ta mission parce que, oui, je pense que tu es en mission ! Au plaisir et à bientôt.
Merci et bon succès !
En savoir plus sur François William Croteau et ses conférences : https://formax.qc.ca/portfolio/francois-william-croteau-conferencier/