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Entrevue avec Marc-André Leclerc : Comment avoir une équipe loyale ?
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Entrevue avec Marc-André Leclerc : Comment avoir une équipe loyale ?

Pour cette nouvelle entrevue mensuelle, Guy Bourgeois, conférencier, formateur, motivateur et Président de Formax reçoit Marc-André Leclerc, nouveau conférencier chez Formax, analyste politique et consultant afin qu’il nous partage ses trucs pour avoir une équipe loyale.

Je reçois aujourd’hui quelqu’un qui me fascine par son parcours. C’est d’abord un athlète – il a effectué la Traversée internationale du lac St-Jean et fait plus d’une vingtaine de marathons de natation à travers le monde – et puis il se retourne vers la politique. Il a été chef du cabinet de l’opposition officielle pendant près d’une dizaine d’années. Vous le voyez à l’occasion à LCN, vous l’entendez à QUB radio, vous le lisez peut-être dans Le Journal de Montréal.

ENTREVUE

Marc-André, bienvenu dans l’équipe Formax ! Parmi les sujets que tu abordes en conférence, il y a la politique canadienne, ta carrière en tant que nageur et l’adversité d’un athlète, mais le sujet qu’on va retenir pour aujourd’hui c’est sur comment bâtir une équipe. Je suis un peu curieux, je suis en business, je collabore avec des gens d’affaires, hommes, femmes, de tous niveaux. On est habitué de parler d’équipe par rapport à la business, parfois au sport aussi, mais quel est le parallèle, les conseils que tu pourrais nous donner par rapport à bâtir une équipe au niveau parlementaire, en politique vs dans une entreprise en général.

Je pense qu’il y a beaucoup de parallèles à faire. C’est certain que la politique, c’est un monde qui est très particulier, un monde qui est très secret parce qu’on entend souvent parler les élus et les ministres, mais on n’entend peu parler les gens qui sont dans les coulisses et ce sont souvent eux qui font une grande partie du travail. Mais, il y a beaucoup de similitude pour quelqu’un qui est dirigeant d’une entreprise ou quelqu’un qui dirige un cabinet.

Par exemple, lorsque j’étais Chef de cabinet du chef de l’opposition, on parlait d’une équipe d’environ 70 à 80 employés, ce qui ressemble beaucoup à la grosseur de nos PME ici. Je pense qu’il faut savoir s’entourer. Un peu comme un dirigeant quand on dirige une équipe, il faut se connaître en premier. Quelles sont nos forces, quelles sont nos faiblesses ? Surtout en politique ! On est entouré de gens qui pensent comme nous.

Lorsqu’on est dans une famille politique, une couleur politique, c’est parce qu’on partage la même vision sur l’avenir, sur les finances, sur la justice. Donc, on a tendance à s’entourer de gens qui nous ressemblent beaucoup et à ne pas se connaître. Je pense que c’est important pour les gens de bien se connaître, de savoir leurs forces et leurs faiblesses et de s’entourer de gens qui vont venir les compléter. Parce que souvent, on va prendre des gens qui nous ressemblent beaucoup et à la fin de la journée, quand nous on a des failles, soit comme Chef de cabinet ou comme PDG d’une entreprise, qui est-ce qui peut venir pallier à ces faiblesses-là ? C’est donc important de bien se connaître et de faire cet exercice de conscience.

Aussi, il y a un grand risque en politique. C’est que, un jour ou l’autre, tu es là et le lendemain tu n’y es plus. Tu peux disparaître soit parce que ton chef ne t’aime plus ou parce que les résultats des élections ne sont pas ceux qu’on attendait. Donc, il y a tout le stress de performer. En politique, c’est un peu différent qu’en entreprise. Une entreprise va se fier à ses États financiers pour connaître ses performances et elle peut le faire quotidiennement ou sur une base hebdomadaire, alors qu’en politique, on a nos bulletins une fois aux quatre ans et ça, ça ne ment pas. Ce sont les électeurs qui ont raison, donc c’est sûr que tout est fait en fonction des fameux sondages et bien entendu des résultats électoraux lors de la campagne électorale.

Quand tu disais que, évidemment, on s’entoure de gens comme nous parce qu’ils ont la même allégeance ou la même vision, n’y a-t-il pas de danger à ce moment-là d’avoir des « yes man » ? C’est-à-dire de gens qui vont approuver tout ce qu’on fait ? Alors qu’en entreprise, on va aller chercher des gens qui pensent différemment. Est-ce présent en politique aussi ?

Tu as parfaitement raison Guy ! C’est ça le danger. Dans le bassin de gens qu’on peut recruter pour former notre équipe, ce sont des gens qui ont une couleur politique, une carte de membre du parti, qui ont été bénévoles sur le terrain, etc. C’est certain que ces gens-là vont emmener des idées nouvelles, mais c’est rare qu’ils vont « brasser le pommier » de tes idées. C’est pour ça que les politiciens font appel à des maisons de sondages, à des consultants, à des boîtes de communication, justement pour amener une lecture nouvelle, pour amener des idées nouvelles. Parce qu’on parle souvent de la fameuse bulle parlementaire, que ce soit à Québec ou à Ottawa, elle est visible. Et, souvent, il faut en sortir de cette bulle-là parce que sinon, nous aurons toujours les mêmes résultats.

C’est intéressant de t’entendre là-dessus parce que, nous, de l’extérieur, on ne voit pas ce qui se passe à l’intérieur. Si tu avais 3 conseils à nous partager que les dirigeants d’entreprise pourraient appliquer pour bien s’entourer ou pour bien bâtir une équipe, quels seraient-ils ?

Mon premier conseil, comme je disais plus tôt, c’est de bien se connaître et de s’entourer de gens qui viennent nous compléter. Et, moi j’ai toujours dit qu’en politique, et je pense que c’est applicable dans le marché du travail, c’est que si on prend le 100% des gens qui travaillent dans le milieu, 40% d’entre eux sont à la bonne place. Ils sont dans le bon domaine, ont le bon emploi, sont sur le bon site, et ils font un travail extraordinaire. Un autre 30% sont dans le bon domaine, sont de bonnes têtes politiques, mais n’ont pas le bon titre, pas le bon rôle dans l’équipe et il vaut mieux revoir leur rôle. Et, il y a un autre 30% des gens qui n’auraient jamais dû venir en politique et qui n’ont surtout pas le bon rôle. Donc avec eux, il faut voir comment on peut les laisser un peu de côté sans faire trop de guerre ou trop de peine à ces personnes-là.

Mon deuxième conseil, c’est d’aller chercher des gens qui sont loyaux. Et ça, il y a une façon de le faire comme dirigeant, comme gestionnaire, comme leader, d’implanter ça dans son équipe. Que beau temps, mauvais temps, il faut se tenir les coudes serrés, il faut se dire les vrais choses. Souvent, les gens ont de la misère à dire ce qui ne va pas.

Mon troisième point se rattache un peu également à la loyauté. Souvent, dans une organisation, on va s’entourer de nos amis, et ça, c’est un risque. Oui, tu veux des gens qui sont loyaux et qui de plus loyaux que tes amis ? Mais, dans quelle catégorie, que je mentionnais plus tôt (40-30-30), rentrent-ils ? Est-ce qu’ils sont à la bonne place ? Est-ce que, parce que c’est ton ami, tu vas lui donner un rôle X, mais il ne devrait pas être dans ce rôle-là ? Donc, il y a toujours un risque d’avoir ses amis dans son entourage.

Dans une organisation d’affaires, on pourrait aussi parler de la famille. C’est normal, lorsque les dirigeants veulent faire de la place à leur enfant ou au conjoint de leur enfant. Mais parfois, les qualifications ne sont pas toujours les bonnes. Il faut se donner du temps, évidemment. Parfois les qualifications peuvent s’améliorer avec le temps. Mais, c’est un danger qui guette tous les dirigeants.

Merci Marc-André pour les excellents conseils que tu viens de nous partager !

Bon succès !

Guy Bourgeois

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