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Entrevue avec Stéphane Auger : L’art de décider
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Entrevue avec Stéphane Auger : L’art de décider

Pour cette nouvelle entrevue, Guy Bourgeois — conférencier, formateur, motivateur et président de Formax — reçoit Stéphane Auger, directeur général de Hockey Québec, ex-arbitre de la LNH, chroniqueur, consultant et conférencier chez Formax, pour parler de l’art de décider.

ENTREVUE

Guy Bourgeois :
Bonjour à vous, chers abonnés de l’infolettre de Formax.
Un grand merci à chacun d’entre vous : vous êtes près de 40 000 à nous suivre chaque mois, et c’est vraiment apprécié.
En ce printemps, je vous présente quelqu’un que vous avez probablement reconnu, surtout si vous êtes amateurs de sport. Il a été directeur général du Réseau sport-études Québec, section hockey, et il est maintenant directeur général de Hockey Québec. Évidemment, il a aussi été arbitre dans la Ligue nationale de hockey, à une époque où les Québécois y étaient moins nombreux. C’est le cas de le dire : il a longtemps eu l’art de décider.
Bonjour Stéphane Auger!

Bonjour Guy.

Tu es bien occupé avec les séries ces temps-ci! On te voit apparaître à l’occasion quand les arbitres font de « mauvais calls » (rires).

Oui, on est là pour aider les gens à mieux comprendre les décisions des arbitres. Parfois ce sont des erreurs, mais souvent ce sont des règles que le public connaît moins. Le livre des règlements est assez dense, avec plusieurs points techniques. Donc on explique, puis chacun se fait son idée sur la qualité du travail des officiels. C’est une période intense de l’année, les émotions sont fortes, mais c’est le fun.

Et les enjeux sont grands, en effet. Justement, tu fais beaucoup de conférences dans le monde des affaires, auprès de dirigeants, d’organismes, d’OBNL, etc. Ta conférence s’intitule L’art de décider et tu y expliques comment se positionner mentalement lorsqu’il faut prendre des décisions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Peux-tu nous en dire un peu plus? Qu’est-ce que les gens apprennent dans ta conférence?

Je fais beaucoup de parallèles avec mon ancien métier. Être arbitre, c’était prendre des décisions en une fraction de seconde, analyser rapidement, décider, et surtout : assumer. Mon parcours m’a mené ensuite à des rôles de gestion, d’abord au RSEQ, puis comme directeur général de Hockey Québec — une organisation qui regroupe 90 000 joueurs et joueuses.

Tout ce que j’ai appris sur la glace me sert aujourd’hui : le courage, l’analyse, la préparation. En conférence, j’utilise des anecdotes de la LNH pour illustrer mes propos et les gens font naturellement des liens avec leur propre réalité professionnelle.

Pourquoi, selon toi, a-t-on souvent peur de prendre des décisions? Peur de se tromper, de déplaire?

Oui, c’est souvent ça : la peur de déplaire, la peur de se tromper. Personnellement, j’ai du mal avec ceux qui ont du mal à décider (rires), mais je comprends que ce n’est pas facile. Parfois, ce n’est pas tant la bonne décision qu’on cherche, mais la meilleure possible dans le contexte.

Et parfois, on doit choisir entre deux options qu’on n’aime pas du tout. Il faut faire preuve d’introspection, s’entourer. En affaires, on a cette chance de pouvoir consulter. Comme arbitre, ce n’était pas toujours possible — parfois il fallait lever le bras devant 20 000 personnes, sans hésiter.

Et avec tous ceux qui te regardent à la télé en plus!

Exactement! Heureusement, il arrivait qu’on puisse consulter nos collègues. Donc oui, bien s’entourer, bien écouter, c’est essentiel. Mais aussi donner des outils pour prendre des décisions. Parce que ce ne sont pas toujours de grandes décisions. Mais cette série de petites décisions-là bien alignées peut faire avancer une entreprise ou une organisation.

Dans le sport, on voit que certains arbitres ont du mal à revenir sur leur décision. Heureusement, il y a maintenant les reprises vidéo. Mais en affaires, est-ce qu’un leader peut revenir sur une décision sans perdre la face?

Oui, mais ça demande de l’humilité. En tant qu’arbitre, avec l’arrivée de la technologie, on a appris à ajuster nos décisions pour s’améliorer. En gestion, c’est pareil : je n’ai aucun problème à changer une décision si de nouveaux faits l’imposent.

On décide avec les éléments dont on dispose à un moment donné. Mais si des faits nouveaux apparaissent, il faut être capable de s’adapter. J’essaie de ne pas avoir d’ego là-dedans. Ce qui compte, c’est ce qui est bon pour l’organisation. Et surtout, il faut l’expliquer : la communication est primordiale.

Les gens jugent souvent une décision selon leur propre situation, mais on décide pour le bien collectif. Il faut prendre le temps d’expliquer pourquoi on revient en arrière, et j’en parle beaucoup dans mes conférences.

Et je me permets d’ajouter : en entreprise, prendre une décision est une chose, mais il faut aussi la vendre. Sinon, on passe pour quelqu’un qui tranche dans son bureau sans consulter personne. Et dans l’arbitrage, c’est pas mal plus difficile à vendre une décision! (rires)

Je ne suis pas d’accord! Comme arbitre, si tu lèves le bras à moitié, les épaules basses, sans présence, tu ne la vends pas ta décision. Mais si tu le fais avec assurance, dès l’infraction, tu la vends.

Même si la décision est discutable, ta posture, ton attitude, ton énergie la rendent plus crédible. C’est pareil en entreprise. Dès qu’un arbitre siffle, tout le monde le regarde : si tu baisses la tête ou que tu pars en douce au banc des punitions, tu perds de la crédibilité.

Parfois, la décision était ordinaire, mais je la vendais. Je mettais un peu plus d’assurance, et ça passait. En fait, un arbitre est aussi un vendeur, tout comme un gestionnaire.

J’aime ça! C’est super intéressant. Pour conclure, peux-tu nous donner trois conseils rapides que tu offrirais à un nouveau gestionnaire, en lien avec la prise de décision?

Bien sûr:

  1. Prenez le temps d’analyser les éléments disponibles, si vous en avez la possibilité.
  2. Communiquez clairement votre décision. Trop souvent, les malentendus viennent d’un manque de communication.
  3. Assumez vos décisions. Vous êtes en poste pour une raison. Il faut avoir le courage de vos choix. Et quand on se trompe, on le reconnaît, on ajuste, et on avance. Avoir une dose d’humilité, c’est essentiel.
Merci beaucoup Stéphane, c’est passionnant! En tant que « gestionnaire », je me suis senti interpellé par tes propos, et je suis certain que nos abonnés vont ressentir la même chose. On se souhaite de belles séries éliminatoires… et une équipe canadienne gagnante!

Je suis un fan de hockey, donc je souhaite simplement qu’on ait de bonnes séries! Et il reste encore trois équipes canadiennes, alors tout est possible!

Stéphane Auger, merci encore et à bientôt!

En savoir plus sur Stéphane Auger et ses conférences : https://formax.qc.ca/portfolio/stephane-auger-conferencier/

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