Entrevue avec Marie-Claude Lavallée : l’évolution des droits des femmes

Pour cette nouvelle entrevue et dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, Guy Bourgeois, conférencier, formateur, motivateur et Président de Formax, reçoit Mme Marie-Claude Lavallée, animatrice, journaliste et conférencière chez Formax.

ENTREVUE

Pendant plus de 30 ans, vous l’avez vue dans une grande variété d’émissions à la télévision de Radio- Canada. Plus récemment, vous pouvez l’entendre à la radio, à l’émission Le Québec maintenant, sur les ondes de 98,5fm. Elle fait aussi de l’animation d’événements et de panels et elle présente des conférences dans vos organisations.

Bonjour Marie-Claude ! Évidemment, on s’est déjà parlé à d’autres occasions pour d’autres entrevues, mais celle-ci est particulière, puisqu’aujourd’hui, c’est la Journée internationale des droits des femmes. Pour l’occasion, on s’est dit qui de mieux à interviewer qu’une femme qui a eu l’occasion d’en interviewer plusieurs ?! Tu as effectivement fait beaucoup d’entrevues avec des femmes leaders, des gens de premier plan durant toute ta carrière. Dis-moi Marie-Claude, selon toi, où en sommes-nous rendus avec les droits des femmes ?

Écoute, quand on regarde d’où on est parti, je te dirais qu’on a un bon et beau bout de chemin de fait. Mais, j’aimerais ça te dire qu’on n’a plus besoin de parler de la cause, ce qui serait totalement faux. Il y a encore beaucoup de chemin à faire à bien des égards, dans bien des domaines et dans bien des pays.

En ce moment, je suis en train de regarder une série télé que je vous recommande fortement : Lidia fait sa loi. C’est l’histoire d’une jeune femme en Italie au début du XXe siècle qui est avocate mais n’a pas le droit de pratiquer. Je regarde ça en me disant qu’on part de tellement loin!

Guy, tu le sais, il n’y a pas si longtemps, les femmes n’avaient pas le droit de vote au Canada et au Québec. Je vais te raconter une anecdote qui va te faire sourire.

Quand on est très jeune, parfois on est moins conscient. Quand j’avais 20 ans, j’ai commencé à Radio-Canada, j’étais très déterminée et j’avais de l’énergie sans borne. Je me souviens que la femme d’un grand ami à moi, qui était aux sports à Radio-Canada, m’avait parlé de la condition des femmes. Et je lui disais que je ne le ressentais pas vraiment, que je me sentais traitée comme tout le monde. Elle m’a répondu « Attends, tu vas voir! » Je n’ai jamais oublié ça. J’ai repensé à elle tellement souvent, en fait, à chaque fois dans ma vie où j’ai vu un homme qui gagnait plus que moi pour le même job.

J’ai vécu des injustices et je te dirais que dans le milieu dans lequel j’évolue, plus il y aura de transparence, mieux se sera, mais on a de la difficulté à aller vers ça.

Là, tu me parles d’une autre époque, mais as-tu l’impression avec les gens que tu côtoies ou rencontres en entrevue, qu’il reste encore des hommes qui ont encore cette fibre-là de croire que les femmes sont moins « capables » ?
Je te partage une anecdote également. Chaque année au Superbowl, il y a des jets qui passent au-dessus du stade pour l’ouverture de l’événement. Cette année, ce sont toutes des femmes qui pilotaient ces jets. Aujourd’hui, on retrouve des femmes pompières, électriciennes, etc. On ne peut plus dire que les femmes sont surtout infirmières ou professeures. On les voit partout ! Mais as-tu l’impression qu’il reste encore des hommes à convaincre du fait que l’égalité des droits des hommes et des femmes, c’ est important ?

La triste réponse, c’est oui. Va faire un tour sur un chantier de construction. Ce n’est pas vrai que les femmes l’ont facile. Oui, il y a des chantiers où ça se passe magnifiquement bien et tant mieux ! Mais, il y a encore malheureusement des hommes qui se croient supérieurs.  Je lis encore là-dessus et je parle encore à des femmes qui peuvent en témoigner. Elles se font regarder de haut, comme si elles n’étaient pas capables.

Il y a de plus en plus d’ouverture, mais il y a encore du chemin à faire. Est-ce une forme d’insécurité ou de désir de domination ? Je ne sais pas.

Je peux te confirmer avec bonheur qu’il n’y a pas d’homme comme ça dans mon entourage, mais c’est certain qu’il y en a encore. On les voit moins ou on les entend moins, mais ils sont là.

Toutefois, on parle d’ici où il y a eu une évolution magnifique. Mais lorsqu’on regarde ailleurs sur la planète, l’évolution n’est pas la même et c’est désolant.

C’est certain que la bataille continue. En occident, je pense qu’on peut dire qu’au niveau des droits, l’égalité est là. Cependant, lorsqu’on regarde les nombres, ce n’est pas dans toutes les sphères de métiers que l’on retrouve autant de femmes que d’hommes. Qu’est qui manque pour en arriver là ?

En 2023, je pense qu’il faut continuer à être extrêmement vigilants et vigilantes et encourager les femmes à aller vers des métiers non traditionnels. Comme on dit, petit train va loin !

Mais, il ne faut surtout pas se croiser les bras, ni crier victoire. Il faut simplement continuer d’évoluer, continuer d’ouvrir nos horizons, d’ouvrir les horizons des femmes, d’ouvrir leurs rêves encore plus grands et continuer de dire aux femmes et aux petites filles que tout est possible !

Effectivement. J’ai deux filles et les portes sont toutes grandes ouvertes pour tout ce qu’elles veulent réaliser et j’espère que toutes les petites filles dans notre société ont ou auront ce droit-là. En terminant Marie-Claude, que pourrais-tu conseiller aux gars qui sommes réticents. Que pourrais-tu dire pour qu’on vous fasse de la place ?

Je vous dirais d’écouter ce que les femmes ont à dire avec ouverture et avec cœur. Si vous avez une forme de réticence, demandez-vous pourquoi, parce que cette réticence-là, elle vous appartient. Elle vient d’où ?

Gardez l’œil ouvert. S’il y a des choses qui vous agacent, posez des questions et posez-vous-en aussi. Informez-vous. Mis à part pour soulever des poids, pourquoi est-ce qu’une femme ne pourrait pas accomplir les mêmes tâches qu’un homme ?

Je ne voudrais pas terminer cette rencontre sans dire que j’adore les hommes ! (rires) On a besoin des hommes. Il n’est pas question d’exclure quoi que ce soit ou qui que ce soit, mais simplement de rappeler que les femmes peuvent avoir les mêmes portes grandes ouvertes que les hommes!

Je terminerais avec une dernière petite anecdote pour te montrer comment on part de loin. J’ai une copine qui, il y a très longtemps, dans les années 80, avait fait ses études à McGill comme chirurgienne puis s’est rendue à Harvard pour se spécialiser dans la plastie. Avant une opération, les médecins de Harvard la regardaient en disant « Do you feel man enough for this one ? » (« Te sens-tu assez homme pour faire celle-là ? »)

Alors, il y a beaucoup de chemin de fait, mais il faut continuer à évoluer et pourquoi pas, ensemble!

Tout-à-fait ! Merci beaucoup Marie-Claude pour cette discussion qui est somme toute remplie d’espoir.

Sur ce, bonne Journée internationale des droits des femmes à toutes celles qui nous lisent ou qui nous écoutent !

En savoir plus sur Marie-Claude Lavallée et ses conférences : https://formax.qc.ca/portfolio/marie-claude-lavallee-conferenciere/

 

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