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Entrevue avec Kim Thúy : Regarder en arrière pour continuer d’avancer
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Entrevue avec Kim Thúy : Regarder en arrière pour continuer d’avancer

Pour cette nouvelle entrevue, Guy Bourgeois, conférencier, formateur, motivateur et Président de Formax, reçoit Kim Thuy, écrivaine. Elle nous partage sa vision de la nouvelle année!

ENTREVUE

Alors, bonjour à vous, chers abonnés de notre infolettre mensuelle. Merci d’être si nombreux à nous suivre chaque mois. Je sais que vous reconnaissez la personne qui est à mes côtés virtuellement, mais pour lui rendre hommage, je vous la présente. On la lit depuis des années avec Ru, Mãn, Vi, Em, d’autres livres de cuisine et des coécritures. On la voit aussi à La Table de Kim sur ICI ARTV, en conférence un peu partout au Québec et, depuis l’an dernier, on la voit sur grand écran avec le film Ru, qui raconte l’histoire de son arrivée avec sa famille au Québec dans les années 60.
Alors, bonjour Kim Thúy!

Allô, allô! Oui, hein? Dit de cette façon! (Rires)

Écoute, j’aurais pu en rajouter! Diplôme honoris causa, Membre de l’Ordre du Canada… Bref, on aurait pu allonger la liste avec d’autres reconnaissances internationales! Alors, vraiment content de te recevoir aujourd’hui. Écoute, on entre en 2025. Pour certaines personnes, c’est un moment de joie de commencer une nouvelle année, mais pour d’autres, c’est un peu plus difficile. Je sais, et ceux qui te côtoient le savent aussi, que tu dégages une grande joie de vivre et une énergie positive. Alors, toi, comment abordes-tu le début de la nouvelle année dans ta vie?

Pour moi, il n’y a pas d’arrêt. Entre la fin de 2024 et le début de 2025, c’est une continuité. Je dirais que 2024 a préparé ce qui va se réaliser en 2025. C’est une suite, tu vois? On continue et on a la chance de pouvoir continuer. Il suffit juste de changer la date, mais sinon, il n’y a pas d’arrêt. Et j’aime tellement ma vie que je n’ai pas l’impression de travailler. C’est un pas après l’autre et, en fait, je pourrais te dire que c’est une nouvelle page, mais ce n’est pas vraiment ça. En 2025 par exemple, ce qui s’en vient, c’est que je suis invitée à enseigner à l’École Polytechnique de Zurich. Je n’ai jamais enseigné de ma vie, je ne sais pas comment ça va se passer, mais tout le cours a déjà été préparé durant l’année 2024.

Il y a eu beaucoup de discussions entre Zurich et moi pour déterminer quel genre de contenu je pourrais partager avec les étudiants, principalement des étudiants en sciences.

Qu’est-ce que tu vas leur enseigner, Kim?

Ça va tourner autour d’un seul thème : « La beauté sauvera le monde ». Je vais leur demander ce qu’est la beauté, où se trouve la beauté, pourquoi la beauté, comment créer de la beauté. Tout cela, sur toute une session! Et le cours, ce qu’il a de particulier, c’est qu’il n’y aura ni examens, ni devoirs, ni lectures, rien. Mais en échange, ce que je leur demande, c’est d’être présent au cours avec un crayon et un papier. Zéro écran. Et l’université a accepté!

En fait, l’idée est de se laisser absorber par l’idée de prendre quelques moments durant la session pour parler de beauté, tout simplement. On va VIVRE la beauté! Je vais leur demander de participer activement avec moi.

C’est un beau projet! Dans ce contexte; où tu dis que 2024 prépare 2025, que c’est une continuité, tu n’utilises pas l’expression « tourner la page », mais est-ce que, quand même, entre Noël et le Jour de l’An, tu t’assois et tu te dis « en 2025, j’aimerais bien faire telle chose, je me vois débuter l’écriture d’un nouveau livre, je vise tel objectif, etc. »? Est-ce que tu fais ça?

Non! Je dirais qu’à la fin de l’année, ou au début de l’année, selon les disponibilités, je prends plutôt le temps de regarder en arrière et de remercier, soit verbalement, par écrit, ou juste dans ma tête. Je remercie tous ceux qui m’ont accompagnée d’une manière ou d’une autre. Parfois, c’est une caissière qui m’a aidée avec mon fils autiste.

Mais c’est important de se rappeler tous ceux qui nous ont accompagné pour arriver jusqu’à cette nouvelle année. Et puis, il y en aura d’autres l’année prochaine qui me prendront par la main, qui me pousseront dans le dos, qui me tireront en avant, qui me porteront de dessous. Il y a une armée de mains invisibles et visibles, et donc je m’impose ce temps-là, de retourner dans le calendrier, parce qu’on pense qu’on s’en souvient, mais on oublie certains détails. En tout cas, c’est mon cas. (Rires)

Oui, toi, tu vois beaucoup de monde!

Oui, j’ai vraiment une mémoire faillible. Donc, je retourne en arrière et je regarde chaque jour. Et oui, tout n’est pas écrit, mais certains indices dans le calendrier nous rappellent certains moments, et soudainement, à ma grande surprise, il y a plein de petits souvenirs qui remontent. C’est donc cet exercice-là que je fais, ce n’est pas de regarder en avant, mais de regarder en arrière et d’avancer.

Donc tu exprimes de la gratitude. Bravo, cela fait partie, je pense, de certaines clés du bonheur : la gratitude. Tu sembles aussi dépourvue d’inquiétude. Beaucoup de gens, quand ils regardent vers l’avenir, s’inquiètent. Es-tu dépourvue d’inquiétude? Est-ce devenu une habitude de vie?

Je te dirais que dernièrement, j’ai lu quelque part (je ne me souviens plus où) qu’il faut faire la différence entre la planification et la préparation. La planification, c’est prévoir ce qui va arriver, et on est déçu lorsque les choses ne se déroulent pas comme prévu, comme sur le plan. Mais la préparation, souvent, c’est se préparer au chaos, aux imprévus, aux surprises.

Donc je suis plutôt du genre à me préparer, c’est-à-dire que je me prépare à tout imprévu. Par exemple, je vais préparer une valise pour voyager dans deux pays sur deux continents différents, avec des températures changeantes. Alors, comment faire? Je me prépare à des températures de -10°C à +10°C. Et j’ai une petite valise, donc je dois m’adapter à ce changement de température. Le truc au Québec, c’est de s’habiller en couches, en pelures d’oignon. Plusieurs vêtements qui permettent cette flexibilité. Ainsi, en une même journée, je peux passer de 0°C à 10°C, par exemple. Je ne regarde même pas la météo à l’avance, je sais juste que ça varie d’environ 20°C. Je m’organise pour m’adapter à cette plage de température, mais je ne veux pas me fixer sur des attentes précises. Parce que si on dit « il va faire 7°C », on sera déçu s’il fait zéro ou s’il fait 17°C, tu vois?

Un exemple simple, presque banal, mais qui en même temps veut tout dire. Cela permet probablement de réduire le stress et la pression qu’on s’impose trop souvent.

Tu sais, pour les conférences, on peut avoir une idée du sujet qu’on veut aborder sur scène, puis comme cela m’est arrivé dernièrement, pour l’une des dernières de 2024, j’ai parlé avec l’organisatrice, je lui ai mentionné mon idée, et elle l’a approuvée. Mais une fois sur scène, je me suis essayé à trois reprises, avec trois petites phrases de trois secondes chacune. Dès la première, il m’a semblé que la salle n’était pas avec moi. Alors, je me suis donné une deuxième chance, une autre phase de trois secondes. Ça n’a pas fonctionné non plus. La troisième fois, j’ai changé de direction. Dans ce genre de situation, je suis bien préparée avec plusieurs sujets et plusieurs pistes. Une fois sur place, on s’adapte.

Et quand on est préparé, on n’a pas peur, parce qu’on connaît le chemin A, donc on peut emprunter ce chemin pour arriver à la même destination. Hein, on est d’accord? On a un but, un objectif, mais peu importe le chemin qu’on emprunte pour y arriver, l’important est d’y parvenir avec joie, légèreté et profondeur.

Vois-tu Kim, en ces quelques minutes déjà, tu nous as rappelé que la nouvelle année est, en fait, une continuité de la précédente. Que la gratitude et la préparation sont essentielles.

Oui, et c’est sûr que 2025 sera surprenante. Je sais déjà qu’il y aura plein d’imprévus, agréables et désagréables. Cela fait partie de la vie. Mais, on est préparés pour les deux, et on essaie de limiter les désagréables. Je me dis que même le désagréable, tu sais, on dit souvent que toute bonne chose a une fin, mais on oublie aussi de se rappeler que toute mauvaise chose a une fin!

Tu as bien raison! Chaque moment de notre vie est une étape avec un début et une fin, effectivement.
Kim Thúy, je te remercie infiniment pour ta présence en ce début d’année 2025. On te souhaite une année 2025 extraordinaire et on se croise à quelques occasions, toi et moi.
Salutations à tout le monde, nous vous souhaitons une très belle année et beaucoup de succès à tous!

Bonne année et une avalanche de possibilités pour 2025!

En savoir plus sur Kim Thuy et ses conférences : https://formax.qc.ca/portfolio/kim-thuy-conferenciere/

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