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Entrevue avec Benoit Huot, Dominique Maltais et Charline Labonté : Les conseils de nos Olympiens
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Entrevue avec Benoit Huot, Dominique Maltais et Charline Labonté : Les conseils de nos Olympiens

Pour cette nouvelle entrevue, Guy Bourgeois, conférencier, formateur, motivateur et Président de Formax, reçoit nos trois conférenciers et athlètes olympiques et paralympiques : Benoit Huot, Dominique Maltais et Charline Labonté. Les trois partagent leurs conseils.

ENTREVUE

Bonjour à tous ! D’emblée, vous devez trouver que ce n’est pas comme d’habitude. Habituellement, nous sommes seulement deux, et là nous sommes quatre. Alors je vous explique pourquoi. Nous sommes à quelques semaines des Jeux olympiques (26 juillet au 11 août 2024) et Paralympiques de Paris (28 août au 8 septembre 2024) et mon équipe chez Formax a eu la bonne idée de faire un spécial « olympique » avec nos trois athlètes olympiques et paralympique. Donc je vous les présente !
Benoît, multiple médaillé paralympique en natation. Dominique Maltais, double médaillée olympique en snowboard cross. Et pour compléter, en direct de Vancouver, Charline Labonté, quadruple médaillée d’or olympique en hockey féminin. Bonjour Charline, Dominique et Benoit!
Écoutez, nous les Jeux olympiques, on ne connait pas ça à part de les regarder à la télévision. Évidemment, on s’adresse aux gens qui nous écoutent à leur bureau, qui vivent parfois du stress au travail. Comment est-ce que vous étiez à six semaines des Jeux olympiques, vous personnellement ?

Charline : Bien, c’est certain que pour nous, le cycle olympique, c’est quatre ans. Ça dure quatre ans. Donc, moi j’ai toujours pensé, et je ne suis pas la seule, c’est qu’en autant que la préparation est faite, un coup que tu es arrivé aux Jeux, ou que tu es presqu’aux Jeux, ce sont vraiment des petites choses, juste pour te faire sentir en confiance le mieux possible. Parce que le travail est fait. La préparation est faite. Je m’excuse pour l’anglicisme, mais ce sont les petits « tune up » que tu viens faire à la toute fin pour t’assurer que tout est beau et que tu te sens bien. Pour moi, c’est de continuer un genre de routine que tu as établie pendant tes quatre ans pour te sentir le mieux possible. Parce que oui c’est gros, oui ce sont les Jeux, oui ça prend quatre ans pour y arriver et on s’y prépare, mais en même temps, c’est la même chose qu’on a fait depuis quatre ans. Donc, c’est de voir à quel point c’est gros, mais en même temps, le rôle qu’on a à jouer demeure le même.

Donc, on essaie de rester zen et de continuer notre préparation. Mais, Dominique, nous sommes des êtres humains, l’adrénaline doit monter quand même ! Y a-t-il un stress supplémentaire qui s’ajoute ?

Dominique : C’est sûr qu’il y a un stress supplémentaire. Surtout que dans mon temps, on avait qu’une seule compétition, donc disons que ça augmente un petit peu la pression. Mais Charline a mentionné un mot qui, je me souviens, est extrêmement important dans la préparation pendant le cycle de quatre ans. La routine. C’est la routine que je pratiquais jour après jour, semaine après semaine, après chaque compétition que j’essayais de recréer un peu et aussi aux Jeux olympiques, pour se sentir à l’aise dans ce processus-là, dans cette routine-là. Et ça reste qu’aux Jeux, il n’y a pas de nouveaux compétiteurs. La compétition reste la même. Tes féroces compétitrices, ce sont les mêmes. C’est seulement un événement. Tu es là pour apprécier le moment, donner un bon spectacle et pouvoir prouver justement les efforts que tu as mis pendant quatre ans et mettre en application cette routine-là pour que ça puisse fonctionner. Quelquefois, après un pas de recul, des gros événements comme ça, j’aimerais ça les revivre immédiatement après. J’aimerais voir ça comme un gros spectacle.

Ok, mais la routine, Benoit, même si vous répétez et répétez, j’imagine qu’en compétition, il y a des imprévus parfois. Il y a un compétiteur qui rate son coup et il y en a un autre qui est meilleur que vous le pensiez et qui pourrait vous déstabiliser. Est-ce que ça arrive ?

Benoit : Oui, c’est certain. Mais je pense qui toute grande championne ou champion, et Charline et Dominique en sont de beaux exemples, il y a le calme de l’Olympien.e. Tu arrives, puis tu es sur l’autopilote. Comme les filles l’ont dit, on l’a répété tellement de fois, des centaines si ce n’est pas des milliers de fois, que tu arrives au jour J et tu es sur le pilote automatique. Alors, peu importe qu’il y ait une distraction externe, on est capable de faire la part des choses et de se concentrer sur ce qui est notre priorité, nos objectifs. Et que ce soient les Jeux paralympiques, les Jeux olympiques, les Championnats du monde ou simplement les Championnats canadiens, il y a peu de différence. Cependant, il y a une excitation supplémentaire, ça va de soi! Ça fait quatre ans qu’on attend ce moment-là et la fameuse médaille est disponible une fois aux quatre ans. Alors, ça vient avec cette excitation-là, bien sûr.

Évidemment, j’imagine que l’excitation est au bout. Mais à supposer qu’il y aurait une contreperformance de votre part, comment on fait pour revenir à un haut niveau pour la prochaine compétition ?

Charline : Je pense que ça dépend toujours. Moi, je trouve ça absolument hallucinant les sports comme ceux de Benoit et Dominique. Parce que tu ne peux pratiquement pas faire d’erreur. Tu as une course, ou tu as deux courses et c’est compté en temps. J’ai l’impression qu’au hockey, on a la chance d’avoir trois périodes, de savoir qu’on a 60 minutes, puis évidemment, il va y en avoir beaucoup des erreurs. Il n’y a jamais de match parfait. Alors, je pense que de ce côté-là, on a peut-être un petit peu plus de lousse. On peut se dire : « bon, la première période n’était pas super, on peut se reprendre ». En réalité, le circuit olympique, je pense que c’est rendu à sept ou huit matchs. Donc, on a le temps, même s’il y a une contreperformance, de s’en remettre. Des sports comme la natation ou en snowboard, moi je trouve ça absolument incroyable. Ça prend une force mentale incroyable et je pense qu’il n’y a pas beaucoup de monde qui l’a. Et c’est pour ça que ce sont des Paralympiens et Olympiens comme ça. Mais j’imagine que le côté mental est très présent. Comme Benoit le mentionnait, il y a tellement de choses qu’on ne peut pas contrôler dans cet environnement-là qu’il faut, dans notre préparation physique et mentale, mettre l’accent sur ce qu’on peut contrôler. Tu peux avoir la meilleure performance de ta vie, mais encore une fois, ça peut être les aspects extérieurs qui font que ça ne fonctionne pas nécessairement. Je pense qu’il y a plusieurs façons de voir ça. Une contreperformance ça va arriver. Évidemment, si tu as la chance de te reprendre, c’est sûr qu’on va tous examiner un petit peu ce que l’on a fait. Qu’est ce qui a fonctionné, qu’est ce qui n’a pas fonctionné, de quelle façon je pourrais réajuster ça pour la prochaine fois ? Mais ce sont vraiment des petits détails selon moi qui viennent faire la différence.

C’est drôle parce que, en parlant d’imprévus, on a perdu Dominique un petit peu. La revoilà ! Comme on a peu de temps cet après-midi, je vais aller à Benoît et puis on reviendra à Dominique. Évidemment, Charline vient de parler de la force mentale des gens qui font un sport « individuel », est-ce que Benoit tu aurais souhaité être en équipe ? Parce que j’imagine qu’en équipe, on peut se motiver dans la chambre avant ou après. Je sais bien que tu as ton entraîneur, mais aurais-tu aimé ça aussi avoir une équipe ?

Benoit : C’est plus qu’un entraîneur ! Pour revenir à ce que Charline disait, oui, vous avez un 60 minutes de jeu, ou du moins trois périodes, dépendamment comment ça fonctionne aux Jeux olympiques ou autre dans votre sport, mais vous aviez le même type de temps pour gagner un match en Championnat du monde ou au Tournoi des quatre Nations. C’est la même chose pour nous. Qu’on soit aux Championnats du monde ou aux Championnats canadiens, on en a une épreuve. Alors, la stimulation d’épreuves que ce soit aux Jeux paralympiques ou olympiques ou aux Championnats canadiens est la même. Alors, on doit se mettre dans des conditions comme ça. Puis pour revenir à ton point Guy, dans le sport individuel, oui, on est tout seul derrière les blocs, mais il y a des dizaines, si ce n’est pas des centaines de gens qui nous aident dans notre quotidien pour atteindre nos rêves et ils sont tous là derrière toi. Oui, cette journée-là, c’est toi qui dois faire l’effort physique, mais tu ressens vraiment le soutien de toute ton équipe et tu ne te sens pas seul, loin de là. Et c’est la même chose en entreprise. Souvent, il faut aller faire une transaction ou faire une présentation ou un haut dirigeant doit faire une allocution devant ses actionnaires, mais il y a toute son équipe derrière. Son texte a été fait. Alors, il ne faut pas se sentir seul au moment où il y a ce travail à faire. Il y a des dizaines de gens qui sont là pour nous soutenir.

Dominique. À quelques semaines des Jeux olympiques, quelles seraient les erreurs que des gens performants devraient éviter de faire avant de se présenter ? Veiller tard j’imagine ? (Rires)

Dominique : Oui, bien mise à part les choses qu’on sait, dont celle que tu viens de mentionner, moi je me souviens qu’on a tous tendance de faire ça à quelques semaines des Jeux olympiques. C’est de trop en faire, d’en faire plus, de travailler plus fort, d’augmenter l’entraînement… Ce n’est pas une bonne chose à faire. Le travail qui avait dû être fait a déjà été fait. On doit arriver fin prêt. On peut faire du raffinement, comme Charline le mentionnait tantôt, mais il ne faut pas rentrer dans le surentraînement, mais plutôt faire confiance au travail qu’on a fait pendant les dernières années, la routine qu’on a établie. Et aussi faire confiance en la vie. Il y a des imprévus et des choses qu’on ne contrôle pas qui peuvent arriver. Il s’agit de circonstances. Mais, quand on est préparé, il faut y aller à fond et se faire confiance dans tout ça!

Excellent point ! D’après vous, qu’est-ce qu’il y a de différent par rapport aux Jeux olympiques en 2024, avec les réseaux sociaux, avec ce qui se passe dans le monde versus dans votre temps ? Je ne veux pas vous vieillir, mais ça fait quelques années! (Rires) Alors qu’est-ce qu’il y a différent ?

Benoit : Malheureusement, ce n’est pas nécessairement positif, mais c’est la préoccupation de la sécurité qu’on ressent davantage. Surtout ceux de Paris dans quelques semaines, ça va être des Jeux particuliers, des Jeux urbains. Mais souhaitons que rien de majeur arrive. Je me souviens à mes débuts, c’était à Sydney en 2000, nos familles pouvaient facilement visiter le village des athlètes. Même s’il y avait quand même de la sécurité, ça ne fait pas si longtemps on s’entend, c’est très différent maintenant d’approcher les athlètes, d’approcher les installations et également de se sentir en sécurité. C’est un grand point d’interrogation, honnêtement.

Tu as raison. Et Benoit, on rappelle que tu seras présent à Paris pour commenter les compétitions de natation avec ici Radio-Canada. Charline, d’après toi, qu’est ce qui a changé ?

Charline : Je suis complètement d’accord avec Benoit. J’ai eu mes premiers Jeux autour du mi-temps, soit en 2002. Moi aussi c’est ça, c’est d’avoir eu la chance de partager tout ça avec notre famille, l’accès au village, les installations, tout ça, c’était très facile. Ça a beaucoup changé évidemment, avec tout ce qui se passe socialement et politiquement. Mais tu l’as mentionné aussi Guy. C’est difficile de dire si c’est un point positif ou négatif, les réseaux sociaux, l’accès aux athlètes et vice versa. Je me rappelle Sotchi, ça ne fait pas si longtemps, c’était en 2014, je venais de commencer sur les réseaux sociaux. Je pense que je venais juste de me faire créer un compte Instagram. Puis, c’est comme si on était tellement dans une bulle, on n’avait aucune idée de ce qui se passait à la maison, aucune idée de ce qui se passait dans le monde. Puis là, on avait finalement réalisé que 13 millions de personnes avaient regardé notre match en final. Pour nous, c’était incroyable. Mais là, je pense qu’évidemment, tout le monde a accès à tout le monde. Donc j’ai l’impression que, pour les athlètes, c’est de contrôler un petit peu ce côté-là. Est-ce que tu prends la décision de fermer tes réseaux sociaux pour ne pas avoir de distractions ? Est-ce que tu veux savoir un peu ce qu’il se passe ? Recevoir le support aussi, qui peut être vraiment intéressant ? Par rapport à mes expériences, je pense que les réseaux sociaux font partie de nos vies maintenant.

Et Dominique, en conclusion, tu en penses quoi ?

Dominique : Bien, même chose que Charline et Benoit. On pense automatiquement à la sécurité. C’est sûr, comme Charline le disait, il y a tous les médias sociaux. Je me souviens que moi, mes derniers Jeux, j’avais pris la décision de complètement me déconnecter de tout ça. Je pense qu’on est ailleurs aujourd’hui. Les jeunes, je les vois même courir parfois avec le cellulaire dans les poches. (Rires) Et ils sont tout de suite après sur les médias sociaux. Donc, ils sont peut-être plus habitués que nous.

Benoit : Ils se filment en faisant la descente! (Rires)

Dominique : Pratiquement ! (Rires) Au portillon de départ, ils sont quasiment en direct ! Bref, ce ne sont pas des choses auxquelles on était habitué, mais j’imagine que les athlètes d’aujourd’hui sont beaucoup plus habitués, sensibilisés aussi sur cet aspect-là. Et puis je pense qu’ils vivent autant intensément que nous. Oui, l’aspect sécurité, il y en avait moins à mes premiers Jeux, mais ils les vivent tout simplement différemment que nous.

Benoit : Mais si je peux me permettre Guy, d’un côté plus positif, si on parle de paralympique, juste le temps d’antenne… on s’entend qu’à Sydney, il n’y avait pas un journaliste sur place. Maintenant, on parle, on partage. Les Canadiens, les Québécois peuvent voir les athlètes paralympiques en action, ce qui n’était pas possible il y a 20 ans. Alors ça c’est très positif!

Sur ces belles paroles, merci beaucoup de ce partage-là à vous trois. En quelque part, on s’est tous reconnus par rapport à notre travail, à nos présentations, etc. Alors on se souhaite, et on souhaite à tout le monde de bons Jeux olympiques!
Merci et bon succès !

En savoir plus sur Benoit Huot et ses conférences : https://formax.qc.ca/portfolio/benoit-huot-conferencier/

En savoir plus sur Dominique Maltais et ses conférences : https://formax.qc.ca/portfolio/dominique-maltais-conferenciere/

En savoir plus sur Charline Labonté et ses conférences : https://formax.qc.ca/portfolio/charline-labonte-conferenciere/

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