Entrevue avec Michel Villa : La règle du pouce

Pour cette nouvelle entrevue, Guy Bourgeois, conférencier, formateur, motivateur et Président de Formax reçoit M. Michel Villa, chroniqueur boursier, CPA et conférencier chez Formax pour parler de la règle du pouce.

ENTREVUE

Aujourd’hui je vais vous parler d’une personne qui représente l’intelligence, pas artificielle, mais la vraie. D’ailleurs, je vous invite à vous abonner à sa page LinkedIn et à sa page Facebook, parce qu’il arrive toujours avec des sujets de recherches très très poussées sur des phénomènes du quotidien, par exemple, ce dont nous allons vous parler aujourd’hui : La prise de décision. Bonjour Michel Villa!

Salut Guy ! Merci beaucoup pour ce bel accueil. Tu mets la barre très haute ! Tu sais que c’est important de gérer les attentes dans la vie ?

La barre est haute effectivement. Michel Villa, tu es évidemment un CPA, chroniqueur boursier, conférencier, mais surtout un être humain dans un monde de chiffres et de rendement. Alors Michel, on a beaucoup de gens qui sont abonnés à notre infolettre, qui sont des décideurs, qui sont des leaders, autant hommes que femmes évidemment, et tu as fait beaucoup de recherches et écrit beaucoup de textes sur l’art de décider. Alors parle-nous-en ! Comment peux-tu nous aider à prendre de bonnes décisions ?

Bien. Souvent, ce qui est important dans la vie, c’est d’être objectif, rationnel, logique. C’est ce qu’on appelle le système 1. Ça, c’est un système qui a été proposé par Daniel Kahneman, psychologue et lauréat du prix Nobel d’économie. Mais ce qui est vraiment intéressant, c’est qu’on peut aussi solliciter le système 2, qui sont des règles du pouce, des raccourcis manteaux, ce qu’on appelle les heuristiques. Ce qui veut dire qu’on peut faire appel à l’intuition. Et, dans un domaine où l’information abonde, où la prise de risque est élevée, qu’on est dans un contexte d’incertitude, souvent, ces règles du pouce sont meilleures que de commencer à peser le pour et le contre et pour avoir une approche vraiment objective. Donc si tu le veux, Guy, j’ai un test à te faire faire.

Wow ! OK, vas-y !

Est-ce que tu as une décision à laquelle tu es en train de penser et qui te laisse déchiré entre deux options ? Dans le sens que si c’est l’option un, ça te convient, et si c’est l’autre c’est correct aussi, mais tu hésites entre les deux ?

Oui. Je ne dirais peut-être pas le mot déchiré, mais ambigu. Ton exemple est bon, si je dis oui, c’est correct, et si je dis non aussi.

Ok. Donc habituellement, on va dire « fait la méthode du pour et du contre ». Tu vas descendre les pour et les contre de chaque option. Mais là, le problème c’est de mettre une probabilité ou un poids pour chaque élément du pour et du contre et ce que ça fait, c’est que tu as de la difficulté à prendre une décision.

Moi, ce que je te dis, c’est de faire la règle du pouce suivante : Prends une pièce de 25 sous, l’option A est pile et l’option B est face et là tu lances la pièce dans les airs. Les gens vont dire que tu ne peux pas prendre ta décision en te basant sur ta pièce de monnaie qui tombera sur pile ou face ! Mais ce qui va arriver, c’est que quand tu vas lancer ta pièce de monnaie dans les airs, ton cerveau va prendre un bord.

Tu vas espérer que ça tombe soit sur pile ou face. Et c’est là que ton intuition te parle et c’est là que tu devrais l’écouter. Donc, quand tu lances ta pièce dans les airs, tu vas dire dans ta tête « J’espère que ça va être pile. » Et ça, ça veut dire que ton intuition t’amène à choisir pile. Ce qui est drôle, c’est que si ça tombait sur face, tu pourrais dire « C’est un deux de trois, donc je vais me reprendre »

La règle du 25 sous, c’est vraiment un bon truc lorsque tu es pris dans une décision où tu hésites entre deux options, alors que ton cœur est un peu déchiré et tu cherches à trouver la réponse. À ce moment-là, c’est un bon truc de faire appel au système 2, donc à ton intuition.

Je vais essayer ça ! Mais tantôt tu as parlé de décision rationnelle et de la règle du pouce. Moi j’ai souvent pensé, puis même appliqué, que l’émotif l’emporte généralement. C’est peut-être un mélange de règle du pouce et de ressenti intérieur, mais la plupart des décideurs, entrepreneurs et entrepreneures vont souvent y aller avec l’émotion. « Je le sens, ou je ne le sens pas. » Est ce que c’est ça que tu veux dire par la règle du pouce ?

Oui, absolument ! Parce que pendant plusieurs années, on pensait qu’on était capable d’être strictement rationnel dans la prise de décision. Je pense, donc je suis. Donc, c’est vraiment une question de rationalité. Mais, il a été démontré avec des travaux que, dans le fond, tu ne peux pas prendre de décision juste rationnelle. L’émotionnel y est toujours présent. C’est un mélange des deux.

Donc, quand tu as une émotion, c’est une réaction qui est physiologique. Donc, tu ne contrôles pas ça. Tu as comme une poussée d’adrénaline, tu as quelque chose dans l’estomac. Et ça, c’est une source d’information. Donc, le point c’est de vraiment t’attarder à ça et de te poser la question « Pourquoi je me sens comme ça » et d’aller chercher la cause derrière.

Un célèbre investisseur, quand les marchés boursiers baissaient beaucoup et qu’il voulait peut-être ajouter à sa position et acheter davantage d’actions, il le faisait quand il avait mal au dos. Lorsqu’il avait mal au dos, c’était son signal. Même si les marchés boursiers reculent, c’est le temps d’acheter davantage d’actions. Il a travaillé avec son corps pour prendre les bonnes décisions.

Comme je l’ai mentionné, ça, ça fonctionne très bien dans un contexte d’incertitude, quand tu as beaucoup d’informations et quand tu n’as pas vraiment de contrôle sur les résultats.

Tandis que si tu joues aux échecs, là, tu te dois d’être rationnel. Tu as un nombre de coups à faire et c’est vraiment stratégique.

Lorsqu’il y a de la stratégie, à ce moment-là, tu te sers de l’expérience.

Exactement ! Mais dans un contexte d’affaires, ça change tellement, c’est tellement volatil. C’est certain qu’il faut que tu fasses appel à ton intuition, à ce qu’on appelle le gut, en anglais.

C’est vraiment intéressant, Michel. Et c’est drôle, je me permets de citer un autre de nos conférenciers. Tu connais probablement Gaétan Frigon ? Il a été Dragon, mais aussi PDG de Métro, de la SAQ, etc. Il dit, dans ses conférences, « Lorsque tous tes conseillers te conseillent de faire ou de prendre telle décision, mais que ton pif de dit le contraire, suis ton pif ! »

Haha ! C’est bon ça !

C’est toujours ça ! Merci beaucoup Michel !
En passant, mesdames et messieurs qui nous écoutez, je ne dis pas ça habituellement, mais chaque entrevue que l’on fait n’est jamais préparée à l’avance, à part pour le choix du thème. Alors vous voyez tout ce qui est sorti comme noms et statistiques ? Et il m’a même fait faire un test sans aucune préparation ! Incroyable ! Merci beaucoup Michel !

Merci et bon succès !

En savoir plus sur Michel Villa et ses conférences : https://formax.qc.ca/portfolio/michel-villa-conferencier/

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