Entrevue avec Charline Labonté : Exceller sous pression

Pour cette nouvelle entrevue, Guy Bourgeois, conférencier, formateur, motivateur et Président de Formax, reçoit Charline Labonté, quadruple médaillée d’or olympique, consultante en psychologie sportive et conférencière chez Formax, pour parler du travail sous pression.

ENTREVUE

On accueille aujourd’hui la gardienne de but d’Équipe Canada, madame Charline Labonté. Bonjour Charline.

Bonjour Guy, ça va bien ?

Oui, ça va très bien, merci. Est-ce que je t’ai bien présentée ou si j’ai oublié des choses ?

Je ne peux pas demander mieux.

En réalité, aujourd’hui, tu es entraîneur de gardiens de but et tu es consultante en psychologie sportive.

Exactement.

Je sais, par expérience, que les gens à qui on s’adresse en conférence, aiment beaucoup les parallèles entre le sport et le travail, et je me demandais si tu pouvais nous parler de ça. Pour une gardienne de but, la pression est incroyable, mais il y a aussi de la pression au travail. Quels conseils pourrais-tu nous donner pour nous aider à faire face à la pression ?

Tu as raison que le lien est très près entre une association de sport, puis le milieu de travail, puis la pression, les attentes, les limites avec le temps, tout ça. De mon côté, en tant que gardienne, c’est beaucoup de pression. Il y a beaucoup d’attentes sur nous. Toutes mes erreurs sont affichées au tableau. Je laisse passer un but, c’est affiché. Tout le monde le sait et ça ne passe pas inaperçu.

Toutefois, on peut se préparer à faire face à la pression. La façon que j’ai trouvée qui fonctionnait pour moi, c’est d’avoir une routine très constante. Peu importe si c’était un gros match ou un match qui ne valait pas grand-chose, je me préparais toujours de la même façon.

Je crois que c’est ça qui nous garde sur la bonne voie. Lorsqu’on se met à trop penser aux attentes, c’est sûr qu’on s’ajoute de la pression et souvent, on va essayer d’en faire trop, d’en faire plus parce que bon, « C’est un gros match. On veut la médaille d’or et tout le monde nous regarde. 

Donc, j’essaie de faire le focus sur trois points très très spécifiques. C’est toujours bon de faire le focus sur de petites choses plutôt que de voir trop large. Avant un match, je me demande toujours « Qu’est-ce que je peux faire présentement et que je peux contrôler ? » Je peux contrôler ma préparation physique et mentale, je peux contrôler ma nutrition, mon sommeil. Donc ça, ce sont des choses qui, peu importe ce qui se passe à l’extérieur, ces trois points sont sécurisants pour moi. C’est ce que je peux faire et ce que je peux contrôler. C’est aussi transférable dans le milieu du travail.

Je comprends qu’au niveau de la préparation d’une gardienne de but, il y a une routine physique. Tu fais des étirements, un réchauffement avant un match et même une préparation mentale. Au travail, ce n’est pas aussi évident que ça une préparation. Je comprends que lorsqu’on a une présentation à faire devant un public, qu’on répond à un gros client, des choses de ce genre, oui, on va se préparer des documents, etc. Mais sinon, au quotidien, disons que c’est un match ordinaire, une journée ordinaire pour un employé, ce serait quoi une préparation mentale pour un employé ?

Pour moi, ça reste encore dans la routine. Donc, c’est de venir créer quelque chose qui, peu importe ce qui se passe à l’extérieur, on est encore en contrôle. Ça peut être aussi banal que de choisir ce qu’on va porter pour une présentation la veille de l’événement. Personnellement, je vais préparer toutes mes choses la veille. Comme ça, en me levant le matin, j’ai juste à partir ma journée parce que tout a déjà été pensé à l’avance. Ça me donne donc un petit lousse pour prendre ma douche, prendre mon café et faire tout ce que j’ai à faire.

C’est peut-être banal, mais pour moi, ça enlève disons une petite dose d’anxiété la journée même parce que j’ai déjà pris soin de toutes ces choses-là. Toutes mes affaires sont prêtes. J’ai juste à commencer mon matin comme je le ferais à tous les jours.

C’est très bien et je comprends que pour vous, les sportifs, le mot routine ne veut pas dire la même chose au niveau du travail. Au travail, une routine, c’est de faire toujours la même chose et ça devient un peu routinier et plate. Tandis que pour toi, une routine c’est plutôt une organisation de différentes choses que vous faites pour vous préparer à quelque chose.
Alors vu comme ça, je comprends très bien et j’avoue que j’ai sorti mon veston ce matin pour enregistrer cette petite entrevue, donc moi aussi je me suis préparé.
Alors, si je résume, pour enlever de la pression, on garde le focus sur ce qu’on contrôle et on identifie trois éléments qu’on peut contrôler. Évidemment, les points vont varier d’une profession à l’autre et d’une situation à l’autre. Mais sur ces trois points là, on se prépare à l’avance. Au moins, on sait que sur ce qu’on contrôle, on va avoir fait le maximum. Ai-je bien résumé ?

Oui ! Et on rejoint la psychologie sportive un petit peu parce qu’une grosse partie de la psychologie, et là je dis sportive parce que c’est mon domaine, mais en psychologie en général, une grosse partie c’est d’apprendre à se connaître soi-même et nos besoins. Ce que moi j’ai besoin le matin peut être très, très différent de ce que toi tu as besoin pour arriver à ton rendez-vous, même si on travaille dans la même entreprise, même si on travaille sur le même projet.

Donc, apprendre à se connaître est une partie. Qu’est-ce qu’on a besoin ? Qu’est ce qui fonctionne pour nous ? Qu’est ce qui ne fonctionne pas ? Est-ce que j’ai besoin de me lever 4 heures avant mon meeting ou si 2 heures c’est suffisant ? Ce sont tous des trucs qui sont un peu des essais et erreurs et qu’on apprend avec le temps.

Mais tu sais, on pense qu’à l’âge adulte on devrait savoir ça, mais ça change, les choses changent, notre personnalité change, ce dont on a besoin change aussi. Donc je pense qu’il est très important de faire des check-in avec nous-même et de se demander « Qu’est-ce que j’ai besoin présentement ? » « Qu’est ce qui fait que je suis à mon meilleur ? »

Ça fait partie de la préparation que nous, évidemment dans le sport, on appelle routine. On se prépare pour la même chose, on travaille dans la même équipe, mais toutes nos préparations sont complètement différentes, basées sur nos personnalités et ce dont on a besoin. Et je pense que c’est un point super important.

Donc ce qu’il faut retenir, c’est de trouver notre routine qui fonctionne pour nous et de mettre le focus sur trois choses simples.
Charline Labonté, merci infiniment pour ton temps. Bon succès pour la suite et on a hâte de te voir en conférence bientôt !

Merci et bon succès !

En savoir plus sur Charline Labonté et ses conférences : https://formax.qc.ca/portfolio/charline-labonte-conferenciere/

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