Entrevue avec Fabien Major : Récession ou pas ?

Pour cette nouvelle entrevue, Guy Bourgeois, conférencier, formateur, motivateur et Président de Formax reçoit M. Fabien Major, planificateur financier et conférencier pour parler de récession.

ENTREVUE

On le voit souvent en chronique à la télé et on l’entend à la radio ou encore sur son balado Le Planif, mon invité d’aujourd’hui est Fabien Major, planificateur financier et conférencier chez Formax.

Bonjour Fabien ! Merci de prendre le temps de jaser avec nous aujourd’hui. Je parle avec des gens d’affaires à tous les jours ou du moins, des gens qui gravitent dans le monde des affaires, et la question qui revient et que tu te fais probablement poser également c’est « Récession ou pas ? » et si oui, de quelle ampleur ?

Ah ! Grosse question ! C’est difficile de lire l’avenir. Les économistes en général, on s’entend pour dire qu’il y a un taux de performance ou d’efficacité dans les prédictions d’environ 55%. Ça veut dire que c’est un peu mieux que pile ou face.

Il y a quelques années, une analyse a été faite sur l’exactitude des prévisions liées au taux de change entre le dollar canadien et le dollar américain. Sur 20 ans, le taux de prédiction exact était de 50%. Ce qui voudrait dire qu’en faisant pile ou face, vous auriez autant de chance que les experts de déterminer la direction du taux de change. (rires)

(rires) C’est une bonne façon de te dédouaner dans ta réponse ! D’après toi, selon tes expériences, on devrait s’attendre à quoi ?

Avant de parler des possibilités de récession, il faut d’abord définir ce que c’est. Parce que, dans la tête de bien des gens, quand ils entendent ce mot, c’est signe de catastrophe, de chômage, de misère humaine et de fermeture de commerces. Mais, ce n’est pas toujours le cas !

La définition technique d’une récession au Canada et en Europe, c’est une décroissance du produit intérieur brut (PIB), donc la somme de tout ce qui se vend et s’achète d’année en année, sur un minimum deux trimestres consécutifs.

Par exemple, si on demande aux gens aujourd’hui s’ils ont ressenti la récession de 2015, beaucoup vont avoir oublier la récession parce qu’ils ne l’ont pas ressentie. Le fait est qu’en 2015, la récession affectait surtout les ressources naturelles et l’énergie, puisqu’il y a eu à ce moment-là contraction très importante du prix du pétrole. Bien sûr l’Ouest canadien et les Maritimes avaient souffert d’une récession sensible, mais le reste du Canada, pas du tout.

Maintenant, on a augmenté les taux. J’ai tendance à dire très souvent que lorsqu’on connaît la direction des taux d’intérêt, on connaît la recette pour s’enrichir de manière durable et faire des millions ou des milliards, parce qu’il s’agit de l’information la plus précieuse. C’est le coût d’emprunt et c’est le coût aussi qu’on va charger en intérêts à d’autres.

Alors, les gens d’affaires qui nous écoutez en ce moment, vous savez très bien que le taux d’intérêt ça dirige une partie de vos prévisions. Puis, dans le cas de la récession, si on augmente beaucoup les taux, on sait que ça va coûter plus cher aux emprunteurs. Et les plus gros emprunteurs sont souvent des entreprises. Et ce qu’on paie en intérêts, évidemment, il faut parfois l’enlever du côté des bénéfices.

C’est pour ça qu’on peut parler de ralentissement de l’économie. Parce que les entreprises et les individus vont faire moins de profits puisque le coût de la vie est plus cher, parce qu’emprunter est plus cher. Mais les chances qu’on ait une récession, selon moi, diminuent peut-être. Le PIB se maintient et il y a très peu de chômage. On voit que l’activité économique est là. Même les marchés boursiers, qui sont des indicateurs avancés, nous amène dans une direction d’un ralentissement et peut être quelque chose d’unique qu’on voit très rarement.

Je pense qu’en 100 ans, jamais on n’a vu la Réserve fédérale américaine ou encore la Banque du Canada réussir l’exploit de faire un atterrissage en douceur de l’économie. Ça veut dire qu’on va diminuer la croissance du pays, on fait une petite pause, puis on repart et on retourne en croissance.

Et d’après toi, est-ce que c’est ça qui va se produire, un atterrissage en douceur ? OU on ne le sait pas et c’est pile ou face ?

C’est pile ou face, mais je le souhaite ! Mais il y a un indicateur qui nous dit que l’atterrissage risque d’être en douceur. Du moins, si c’est une récession, ça ne sera pas très, très douloureux parce qu’il y a beaucoup d’emplois et qu’on est en pénurie d’employés dans plein de secteurs.

Et, dans ce cas-là, quand on manque d’employés et qu’il y a un ralentissement, ce qu’on peut faire, c’est juste de retirer notre affiche « employés recherchés » de notre vitrine pendant quelques mois.

Ce qui fait que l’impact n’est pas vraiment sensible. Ce que ça peut faire aussi, c’est que les gens qui ont un bon emploi et aimeraient tester le marché pour changer ou pour avoir une augmentation de salaire, c’est possible que ça aille moins bien et que finalement leurs plans soient un peu contrecarrés avec ça. Ils sont mieux d’y penser à deux fois ! (rires)

Par contre, les deux derniers mois ont été quand même profitables pour ceux qui voulaient des augmentations de salaires !

Oui, et c’est pour ça aussi que les banques centrales mentionnent que, dans les possibilités qu’on augmente encore davantage les taux pour contenir l’inflation, c’est que les augmentations de salaires peuvent conduire justement à de l’inflation qui se maintient (inflation durable). C’est pour ça que la Banque du Canada donne des grands coups, puis elle augmente le taux directeur qui maintenant est à un sommet de 22 ans. C’est qu’on se dit que la pénurie d’employés peut faire pression sur les salaires. Si les salaires augmentent, on augmente les prix et si les prix augmentent, ça fait de l’inflation.

Et cette inflation durable-là, personne ne la souhaite, évidemment. Le nœud de la guerre, ce sont les salaires. Mais, je crois qu’en ce moment les salaires ont augmenté, mais pas autant que l’indice des prix à la consommation.

C’est très intéressant Fabien ! Si je résume, peut-être une récession à 55%, mais une récession pas si dure que ça et un atterrissage en douceur avec une reprise. Peut-être retirer l’affiche « Nous embauchons ». Et, si on continue à bien gérer nos affaires, à prendre les bonnes décisions, il y a peut-être même des opportunités ! Que ce soit pour acheter des machines ou des robots, les prix pourraient baisser lorsque les taux seront plus élevés.

T’as raison ! Tout ce qui conduit à une augmentation de la productivité pour l’entrepreneur est souhaitable. Puis de ce côté-là, de revoir les processus peut être une bonne solution. Parfois, on est pressé, on veut embaucher du monde absolument pour servir les consommateurs, mais à la place, si on se réorganise mieux sans faire d’embauches, si on fait l’acquisition de logiciels ou de machinerie, cette machinerie peut augmenter la productivité à long terme, pour ensuite augmenter le reste.

Tout-à-fait ! Merci beaucoup Fabien Major de ton temps. C’est très éclairant et j’invite les gens évidemment à s’inscrire à ton balado Le Planif qui est extrêmement intéressant. Moi je l’écoute régulièrement !

Merci et bon succès !

En savoir plus sur Fabien Major et ses conférences : https://formax.qc.ca/portfolio/fabien-major-conferencier/

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